Françis Leroy a-t-il commis ses crimes sous l’influence de la lune ? C’est ce qu’il prétend. Par deux fois, il a tué. Il a aussi violé à deux reprises, et commis de multiples agressions. Toujours en période de pleine lune ! La justice, des experts se sont intéressés à cette thèse. Pour se demander finalement, s’il n’agissait pas en période de pleine lune, tout simplement pour y voir plus clair, lorsqu’il épiait ses victimes… Le soir du 24 janvier 1984, à Lembras, près de Bergerac en Dordogne, le corps de Jacques Royère, est retrouvé devant le domicile de sa compagne, lardé de sept coups de couteau. L’homme venait d’appeler chez elle. Au téléphone, il avait bien senti que quelque chose n’allait pas. Alors, il a décidé de venir voir sur place ce qui se passait. Et quand il est arrivé, son amie et ses enfants étaient séquestrés chez eux, par un homme cagoulé. Jacques s’est retrouvé nez à nez avec l’agresseur, pour un face à face tragique. Les gendarmes reconnaissent aussitôt le mode opératoire. C’est la neuvième fois, en six ans, que cet homme à la cagoule séquestre ainsi, pendant plusieurs heures, des familles de la région. Ses victimes décrivent un homme grand, maigre, masqué, armé d’une carabine cassée. Et puis, il sent… le sous-bois. Son comportement semble irrationnel. Parfois, il parle avec l’accent espagnol, demande de l’argent et une voiture pour ne repartir qu’avec des broutilles. Parfois, il viole. Il est ainsi revenu deux fois dans la même maison. En 1981, pour s’attaquer à la fille de 12 ans. Un an plus tard, pour violer la mère. Mais à Lembras, il allé encore plus loin. Pour la première fois, il vient de tuer. Faute de piste probante, les gendarmes s’intéressent à un livre de Simenon, Le fou de Bergerac. Et si leur homme s’inspirait de ces aventures ? Elles ont même fait l’objet d’un Maigret qui a été tourné dans la région, peu avant les premières agressions ? Et si l’un des protagonistes du film était mêlé à tout cela ? Le chauffeur peut-être ? De leur côté, les policiers se rendent compte que les agressions ont toutes eu lieu en période de pleine lune. Quand ils en parlent autour d’un café, un collègue des renseignements généraux, se souvient d’un homme qu’on avait surnommé "l’assassin de la pleine lune", vingt ans plus tôt. Un homme qui s’appelle Francis Leroy et qui a été condamné à vingt ans de prison pour le meurtre de Christiane Prudet, à Saintes, une nuit de pleine lune ! Il avait été confondu l’année suivante à la suite d’une deuxième agression qui avait tourné court. Aujourd’hui, l’homme est sorti de prison, et mène une vie sans histoire au centre équestre de ses parents, à Périgueux. Mais, lors d’une perquisition, les policiers tombent sur des cartes bleues dérobées dans le Périgord, et surtout, une crosse de fusil ! Arrêté, Leroy passe des aveux détaillés. Pour toute explication, il évoque sa croyance dans les phénomènes paranormaux. Et puis… l’influence de la lune. Pendant cinq années d’instruction, le juge va demander à des experts d’évaluer l’impact de l’astre sur Francis Leroy. Sans que les rayonnements lunaires n’influencent finalement beaucoup le magistrat. Le procès aura bien lieu. Là encore, il est beaucoup question de la lune. Mais les jurés ne s’en laissent pas compter par le Pierrot poétique qu’on leur présente. Ils voient en Leroy un récidiviste "narcissique manipulateur et pervers", étouffé par une mère surprotectrice. Ils le condamnent à la prison à perpétuité.